Testimony
« Des micro-satellites pour révolutionner le monde du renseignement stratégique »
Aerospacelab est née d’un rêve : celui de réaliser de petits satellites comme ceux qui sont produits en Californie. Benoît Deper a été formé à l’Agence Spatiale européenne et à la NASA, mais quand il fonde Aerospacelab en 2017, il veut tourner la page et se lancer dans le « New Space », l’industrie spatiale d’initiative privée telle que la pratique Space X aux Etats-Unis.
Il est convaincu qu’on peut fabriquer des satellites cent fois plus légers et cent fois moins coûteux que ceux des grands noms de l’industrie spatiale. Comment ? En profitant de la miniaturisation de l’électronique et en utilisant des composants grand public beaucoup moins coûteux. Pari tenu, Aerospacelab a mis au point un prototype de satellite qui pèse moins de 50 kg , contre 1 tonne minimum pour ceux d’Airbus.
« Avant, il fallait entre 10 et 15 ans pour développer un satellite qui coûtait 100 millions d’euros, dit Benoît Deper, aujourd’hui on fait des satellites plus petits, plus performants et beaucoup moins chers. »
Le satellite d’Aerospacelab étant plus léger, il sera également beaucoup moins cher à propulser dans l’espace. Mais cela ne l’empêche pas d’être équipé de capteurs qui donnent des images d’une impressionnante précision. Le but de l’aventure ? Faire de l’imagerie haute résolution pour mieux observer ce qui se passe sur terre et d’offrir des renseignements de surveillance civile ou militaire.
Passer du prototype à la production… et à l’exploitation commerciale
Aerospacelab veut mettre son premier satellite sur orbite avant la fin 2020, et la start up ambitionne de lancer dans les deux années suivantes une constellation de 10 à 15 satellites qu’elle pourrait piloter depuis son QG à Mont-Saint-Guibert. Elle pourrait alors commencer l’exploitation commerciale du projet, à savoir analyser les images récoltées dans l’espace pour en transmettre les informations stratégiques à ses clients, privés ou publics. Elle pourra par exemple surveiller des inondations, des tempêtes, des tremblements de terre, des zones de combat militaires, des parcelles agricoles….
« Notre objectif est de rendre le renseignement géostratégique accessible à tous, dit Benoit Deper. Nous sommes les seuls en Europe à couvrir toute la chaîne de valeur, depuis la fabrication du satellite, jusqu’à la récupération des images venant de l’espace et l’analyse des données qu’on interprète pour informer le client final. »
Aerospacelab aidée par le fond d’investissement « New Space »
La start up a grandi très vite. Elle a engagé 5 personnes en 2018, elle en emploie 50 aujourd’hui et elle compte en embaucher 200 de plus dans les 3 ans. Elle commence à générer du chiffre d’affaire, l’Agence Spatiale Européenne lui a par exemple commandé deux satellites sur mesure.
En avril 2019 elle a levé 11 millions d’euros pour pouvoir produire sa constellation de satellites. Des Venture Capital français lui ont prêté main forte, la SRIW lui a accordé un prêt convertible d’un million et demi d’euros puisé dans le nouveau fonds d’investissement « New Space » dédié au secteur.
« On a été séduit par l’agilité de l’entreprise, dit Olivier Bouchat, séduit par son positionnement innovant et par son plan de développement ambitieux. Séduit aussi par l’expérience et la vision du CEO, sachant que ce type d’imagerie sera de plus en plus demandé à l’avenir, c’est un beau marché en perspective. »
Benoît Deper espère que la SRIW entrera au capital de l’entreprise quand il lèvera les 25 millions d’euros suivant.
« C’est bon d’avoir un peu d’actionnariat public, reconnaît-il, avoir la SRIW à bord permet de calmer le bateau quand il y a la tempête, cela apaise la gouvernance. Ce sont des gens qui partagent nos convictions, tandis que les investisseurs en capital-risque ont souvent des stratégies brutales et des objectifs de rendement déraisonnables. Je suis impressionné, je ne m’attendais pas à un tel professionnalisme de leur part. »